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Grand Raid des Pyrénées

Merci à Simon pour ce magnifique récit qui suit la superbe aventure qu'il vient de vivre avec Seb. Encore Bravo les gars !

"Ami triathlète, je te préviens tout de suite : ce récit est le récit d’une aventure, pas vraiment d’une course… alors si seul le triple effort et la performance t’intéressent, ne perds pas ton temps à lire ce qui suit. 😉

Le GRP Ultra, c’est quoi ? C’est un ultra trail en montagne. 167 km pour 10 300 m de D+ (et autant de D-), sur des pistes roulantes (5km/h en montée et 10 km/h en descente) et surtout sur de sentiers beaucoup moins roulants !Seb Mandin avait relevé le défi du 120 km l’an passé et a voulu affronter le géant (167 km) cette année. Je décide donc de m’inscrire pour l’y accompagner, Valérie préférant attendre le dernier moment pour être sûre de sa forme et valider certaines étapes (Trail St Gurial, Tri de Vertou, SwimRun côte Vermeille, Canigou…) avant de sauter le pas. Malheureusement, un problème de dos 48H avant le départ l’oblige à prendre la décision douloureuse mais raisonnable de ne pas s’engager.Après une préparation correcte et l’expérience acquise depuis 2015 sur cette épreuve, je me sens d’attaque pour aller au bout et épauler du mieux possible Seb, sans doute un peu juste en prépa mais riche de l’expérience de l’an passé. Nous arrivons la veille sur place pour récupérer le dossard et faire vérifier notre matériel. Nous retrouvons notre suiveur habituel (Eric) qui fera voiture commune avec Valérie pour nous suivre à divers endroits du parcours. Nous saluons Vincent qui prend le départ du 80 km le samedi. Enfin, nous revoyons avec un immense plaisir un traileur du Béarn (Laurent) avec qui Seb avait fait une bonne partie du 120 km l’an passé, créant une solide amitié.Vendredi, 5H : le départ est lancé. 2 km de plat avant d’attaquer la montée vers le col du Portet. Je prends le rythme à mon compte, Seb et Laurent me demandent de lever un peu le pied. Nous maîtrisons donc l’allure afin de ne pas trop se griller. Les premiers 1400 de D+ ne sont pas trop difficiles et nous passons le premier ravito en 2h37 et à la 159èmeposition. Le temps est un peu couvert mais les premiers sommets restent visibles et les premiers lacs du Néouvielle s’offrent à nous. Valérie et Eric sont là pour la seconde fois après un rapide coucou au Pla d’Adet dans la première montée.Un sentier en balcon permet une bonne allure jusqu’au Pas de la Crabe, nouveauté de ce circuit. J’y attends Seb en prenant quelques photos, puis nous plongeons vers la Mongie. Nous décidons d’y prendre 10 minutes pour nous ravitailler. Nous avons lâché Laurent qui préfère gérer son rythme afin d’être finisher. Sage décision. 147èmedonc au pied du Tourmalet, direction le col de Sencours puis le Pic du midi de Bigorre (2850 m d’altitude). Malgré les jambes un peu dures de Seb, nous faisons une belle montée. Il ne nous reste que 130 km !. Le gaillard serre les dents et me demande de ralentir un peu (parfois ça m’arrange bien, notamment en altitude !). Pointage en haut, dans les nuages en 109èmeplace et 8h32 min d’effort. Nous redescendons immédiatement, croisons Laurent qui, après un gros coup de moins bien commence à retrouver un peu d’énergie. Il nous dit de filer et plaisante avec Seb en lui disant qu’il fera une superbe seconde moitié de course !Nous attaquons alors 20km de paysages magnifiques, seuls au monde, sans aucune civilisation en direction d’Hautacam en passant par le majestueux Lac bleu. Un peu de pluie sur la fin de ce tronçon entame le moral, mais nous savons que Valérie et Eric seront au prochain ravito. Comme d’habitude, je préviens Seb : « 3 minutes pas plus ! ». Il râle un peu mais s’exécute malgré tout. 104èmeà Hautacam. La descente suivante est très roulante et nous amène à la première base de vie (Pierrefitte). Une erreur d’inattention, je me prends les pieds dans le tapis et m’affale de tout mon long. Je reste au sol une dizaine de secondes pour, comme dira Seb, « m’auto-analyser » : « pieds et chevilles : OK, genou et cuisse gauche : aïe ça pique, côtes gauches : ouille ouille ouille… ». Je me relève malgré tout en me disant « purée ça fait mal, mais finalement on est bien quand on est en position allongée ! »Nous pointons 97èmeà l’entrée de la base de vie où Valérie et Eric nous apportent une assistance digne d’un team pro : remplissage des gourdes et des barres énergiques, vêtements sales enlevés, nettoyage à la lingette sur le corps et même les pieds ! Nos suiveurs adorés nous informent que de nombreux amis et famille nous suivent et nous encouragent via le fil Face Book que Valérie fait. Nous repartons après 20 minutes qui nous ont fait le plus grand bien au moral. 81ème.L’ascension très pentue vers le col de Riou annonce le début de la nuit et par conséquence, un moral qui décline un peu. Tout devient prétexte à râler plus que de raison, les sourires et les plaisanteries disparaissent. Seb rentre dans sa bulle. Me demande de ralentir dans les bosses, de rester plus prêt de lui. De mon côté, musculairement ça va très bien, mais les genoux commencent à être douloureux. La descente vers Cauterets n’est pas très pentue mais dans les nuages. Le ravito est vite englouti, il est 1H30 du mat, nous sommes 79ème, des gars dorment sur les lits de camp. Ils me font un peu envie. Nous démarrons la montée suivante vers Luz Ardiden. Pas trop pentue, le rythme n’est pas trop rapide et je commence à m’endormir. J’impose à Seb une sieste de 10 minutes. « mais où ça ? me dit-il. ». « Bah… là ! » et je m’endors immédiatement sur un tapis de feuilles et autres branches sur le sentier. 10 minutes plus tard, debout et ça repart ! Passage au sommet après une montée très longue droit dans le pentu, puis descente (encore droit dans le pentu) vers le ravito d’Aulian où Valérie et Eric sont une nouvelle fois présents avec des bonbons et autres plaisirs sucrés qui nous revigorent. 5 minutes plus tard (et oui Seb, on ne traîne pas aux ravitos) et quelques crêpes Nutella, nous repartons en 73èmeposition, il est 4h24…Luz st Sauveur, seconde base de vie. Des pâtes, de la soupe, un change complet (merci encore Valérie pour le nettoyage à la lingette et le massage au Synthol) et 10 minutes de sieste sur un lit cette fois ! Nous repartons après 45 minutes de pause en ayant gagné 13 places ! nous sommes 65ème. Ce sera notre meilleur classement. Il reste un peu plus de 50 bornes. Prochain objectif, atteindre le refuge de la Glère (que Seb préfère appeler le refuge de la Galère), après une grosse grimpette de 1600 de D+ sur un parcours extrêmement technique (pierriers…). C’est interminable, très pénible mentalement. Des pauses régulières permettent de gérer le potentiel physique. Je suis bien en montée, mais les genoux sont de plus en plus douloureux. Je préviens Seb que je vais souffrir dans les dernières descentes. Refuge de la Glère, 30h26 de course, 72ème. La descente est longue jusqu’au plateau de Lienz où nous retrouvons nos suiveurs chéris qui nous encouragent et passent toujours les massages. Nous parvenons à trottiner jusqu’à Tournaboup (au pied du Tourmalet de la voie Laurent Fignon). 73ème. Seb me fait la tête car une fois de plus, je le presse pour ne pas camper au ravito. Je compte les heures avant notre arrivée que j’espère avant la tombée de la nuit, afin d’éviter de remettre la frontale et de subir le sommeil. La montée suivante vers la Hourquette de Nerre se fait sous un soleil agréable. Le rythme est faible et nous laisse le temps d’admirer ces paysages grandioses qui ne nous ont pas quittés de la journée. Passage à la cabane d’Aygues Cluses, puis la Hourquette. 72ème. Les jambes de Seb sont lourdes, mes genoux inopérants… nous n’allons pas vite dans la descente vers le lac de l’Oule puis la remontée vers le col du Portet. Il fait un peu froid, nous sommes épuisés. Restaurant de Merlans, dernier ravito. Seb est (presque) prêt avant moi pour le départ de la dernière descente (13 km). Nous voyons Valérie et Eric une dernière fois qui nous mettent en garde contre les vaches qui ont tendance à charger dans le brouillard « purée de pois » ! Nous sommes 78èmeaprès 37h34 de course. Nous savons que nous serons finishers…Les 13 km de descente sont horribles, je peux courir sur le presque plat, mais impossible dès que la pente descendante est trop raide. C’est donc Seb qui m’attend dans ces portions. Il commence à s’endormir en marchant. Ma crainte s’est avérée juste, nous devons remettre la frontale (une pour nous deux suffira). Nous ne nous faisons pas trop doubler pour autant, mais je sais que derrière, des coureurs trop pressés d’en finir doivent combler du retard sur nous… dernier pointage en bas de la descente, il nous reste 1800 m, nous sommes 75ème, 40h15. Nous décidons de courir jusqu’à l’arrivée. Enfin presque, puisque le très sociable Seb reconnaît quelqu’un sur le bord de la route et s’arrête deux minutes pour discuter un peu ! le panneau 800 m arrive, Seb veut marcher, je lui ordonne de ne pas le faire ! Nous nous faisons doubler par quelques coureurs mais sommes tellement heureux d’être allés au bout ! Evidemment Valérie et Eric nous attendent sur la ligne d’arrivée après 40h30’58’’ (80 et 81ème) d’une aventure incroyable.40h30’58’’ de paradis et d’enfer en même temps. Le corps qui nous alerte continuellement sur les limites à ne pas franchir mais que nous franchissons quand même. La tête qui doit prendre le pas sur les douleurs, la fatigue.

@Seb : nous avons été très amis lors des premières heures, un peu moins plus tard sur le chemin. Sans doute tu me détestais lorsque je te pressais aux ravitos. J’ai fait tout ça en pensant à ton bien. Je savais que tu finirais par ne plus m’en vouloir et bien m’aimer quand même. Je suis admiratif de ta force mentale, de ta volonté d’aller au bout d’une telle aventure, avec un entraînement sans doute trop léger et une expérience encore limitée. Tu forces mon respect.

@Eric, Valérie : vous aussi vous avez fait 40h30’58’’ sans dormir. Sans vous, nous n’aurions pas pu aller au bout. Une assistance rêvée, toujours dans la compréhension, dans la gentillesse alors que nous ne vous avons pas toujours renvoyé votre bonne humeur. Valérie, je sais que tu aurais préféré être à nos côtés sur le sentier. Que la décision de ne pas prendre le départ a été très douloureuse. Tu le sais, ce n’est que partie remise. Promis.

@toutes celles et ceux (nombreux) qui nous ont suivis, apporté des messages d’encouragement tout au long du parcours : MERCI."

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